Nassira Belloula
Ă©crivaine, essayiste et poĂštesse
Extraits
«LâidĂ©e avait mĂ»ri en moi comme un germe aux racines tentaculaires. Je nâavais plus en tĂȘte que cette descente dans les entrailles de lâenfer. MalgrĂ© la terreur ambiante, je mâefforçais dâĂȘtre et dâĂ©crire. Je me sentais forte, en sĂ©curitĂ©, et mon coeur ne battait plus la chamade dĂšs un bruit suspect. Certes, rien nâavait changĂ© autour de moi, sauf ma mĂ©moire, alourdie par bien des drames.» Page 43
Un soir, alors que je m'apprĂȘtais Ă me coucher, je vis des ombres furtives passer prĂšs de ma fenĂȘtre, puis glisser dans la cuisine. En m'approchant de la porte, je vis deux silhouettes qui activaient devant le feu, puis l'odeur du bois brĂ»lĂ© et de la viande embauma la maison. Les deux hommes se mirent Ă avaler debout leurs nourritures. Je tentais d'apercevoir leurs visages, mais il faisait trop sombre pour distinguer leurs traits. Puis, l'homme se mit Ă parler de cette voix Ă©paisse, lourde que je ne connaissait que trop bien, c'Ă©tait celle de l'homme Ă qui on m'avait mariĂ©e. Subitement, du dehors, me vint un bruit de pas prĂ©cipitĂ©s, puis un grattement le long du mur. Les deux hommes avaient aussi entendu, car un silence plana soudain sur la maisonnette.
Elle tourna son visage impassible vers son roi et Ă©poux, dâune voix digne, elle lui dit : « J'ai cette consolation dans mon infortune, qu'ayant toujours eu une haine inconciliable pour la tyrannie romaine, j'ai du moins lâhonneur de n'avoir Ă©tĂ© captive que d'un Numide, et qui se trouve ĂȘtre mon mari et mon libĂ©rateur, non pas comme esclave mais maĂźtresse absolue de son Ăąme. Allez donc mon cher, ne manquez pas de tenir votre parole Ă l'infortunĂ©e que je suis. Jâattends ma libertĂ© »
Le poison obtiendra la femme, princesse dĂ©chue, reine perdue⊠la haine⊠lâamour⊠Sophonisbe avait absorbĂ©e la coupe de poison le soir mĂȘme de ses noces. (Djemina page 21)